samedi 20 décembre 2008

Noël et Navidad

La magie de Noël est arrivée en Espagne, et ici à Madrid, comme partout ailleurs, Noël c'est sacré. Mais bien que Noël soit une fête chrétienne et païenne (les hasards des desseins du Seigneur ont fait que le petit jésus est né juste au solstice d’hiver), dans notre société actuelle, c’est aussi une fête bien matérielle.

Malheureusement pour le commerce, cette année sera moins faste que les autres, crise oblige. En témoigne les allées désespérément vides des grands magasins. Mais le plus terrible des effets de la crise (de mon humble point de vue), c’est que les entreprises ont supprimé les paniers de Noël (las Cestas de Navidad), offerts à tous les employés, et qui faisaient la joie des petits et grands, de par leur contenu calorique et alcoolique (un panier contient en général des conserves diverses, des chocolats et du turón, de la charcuterie, du jambon, du vin, du whisky et d'autres trucs qui s'accumulent dans les armoires. Bref, cette année pas de panier et je gage que même quand reviendront des temps plus prospères, les mêmes entreprises oublieront de nous rendre les paniers. Quelle tristesse! Encore heureux qu’on a eu le repas de Noël.

Heureusement, la crise n’a pas empêché de respecter la tradition madrilène. A l'approche de Noël, El Corte Inglés (Le Corte Inglés, c'est un peu comme l'INNO sauf qu'il y en a partout) monte ce qu'ils appellent Cortylandia, une sorte de décoration de Noël géante, avec des nains qui bougent, des fées qui volent et pleins de trucs qui n'ont rien à voir. Et chaque année, depuis des lustres, les parents viennent montrer à leurs enfants, à proximité de la Porte du Soleil, la magie de notre belle société de consommation. Pour une raison qui m'est inconnue, c'est toujours blindé de monde alors que ça ne casse pas vraiment des briques. Évidemment, si vous entrez dans le magasin via la façade de Cortylandia, vous arrivez directement à l'étage "jouets"

Les traditionnelles guirlandes, par contre, ont un peu souffert de la crise. Dans notre belle capitale castillane surendettée, il a fallu rester les pieds sur terre, les illuminations de Noël sont les mêmes que l'année passée, même si notre bon bourgmestre a eu la bonne idée de changer les différentes guirlandes de rue pour qu'on n'aie pas l'impression que ce soient les mêmes (avant on renouvelait chaque années les guirlandes, en en confiant le design à de grands artistes).

Par contre, ce qui ne change pas malgré la crise, c'est la passion des gens pour faire la file. Vous pouvez même voir des gens faire la file une heure pour voir une exposition de crèches, ce qui ne cesse de me surprendre.

Parce qu'ici on considère toujours le Père Noël comme un intru issu du système capitaliste américain, ce qui compte c'est le petit Jésus, le boeuf, l'âne et Marie. Et des crèches, il y en a partout, dans la rue, dans les bâtiments de la commune, dans tous les centres commerciaux, dans les concours de la plus belle crèche, et tout ça. 

On fait aussi et surtout la file pour la Loterie de Noël, la fameuse et traditionnelle Loterie de Noël. 

Le principe est simple, vous achetez (20 Euros) un "Décimo" qui est la dixième partie d'un numéro (Ce qui fait que les lots sont répartis sur 10 tickets). Le gros lot étant de 3M€. Les numéros gagnants sont tirés par les mains innocentes de petits enfants orphelins de l'orphelinat San Idelfonso, tirage retransmis en direct live le matin du 22 décembre.

Ça a pas l'air comme ça mais ça rigole pas, les gens achètent des décimos via leur entreprise (chaque entreprise achète des décimos et réparti les gains entre les employés), via le bar du coin, avec leur copain/fiancé/mari/femme/amant, avec leurs parents, ... Vous donnez alors aux gens que vous appréciez des participations officielles, sorte de papiers signés par la personne ou l’organisme qui la donne, qui sont des parties de décimo, et ce afin de partager avec eux vos gains le cas échéant. La participation reprend le numéro du Décimo que vous avez acheté ainsi que la quantité d’argent qu’il représente (2, 4 ou 6 euros des 20 que coûtent les décimos).


Ce système permet à tout le monde d'augmenter les chances de succès en diminuant d'autant les gains possibles (puisque tout le monde partage). En gros, les gens en arrivent à dépenser 100, 200 ou 300 euros en loterie chaque année. Et je peux assurer qu’on me regarde bizarre quand je n’en achète pas au niveau de l’entreprise. Ils sont comme enfiévrés ici avec cette histoire. 

Vous pouvez voir ici (vers 1:20 minutes), le tirage du gros lot:




Enfin, ici comme ailleurs tout ça reste une grande fête de famille pendant laquelle on ressort les meilleures bouteilles pour fêter ça. En témoigne la bouteille de Pacharan du grand-père d’Esther.

Elle a eu le temps de mûrir, son étiquette date de l’époque franquiste (avec les aigles correspondantes), d’avant 1975.


vendredi 28 novembre 2008

León

La campagne espagnole a gardé un esprit de tradition plaisant. En visitant Léon, on retrouve facilement les traces du récent passé de la Castille, un passé basé sur les vraies valeurs.

Comme toujours, on retrouve les témoignages du passage des méchants français vers 1808, et comme toujours on retrouve les monuments parlant de la traîtrise française et de la valeur héroïque des castillans (à l’époque forts aidés par nos amis de la perfide Albion, mais il faut pas trop le dire). Anglais d’ailleurs représenté dans la belle photo suivante (à droite) : 

C’est un Dragoon anglais pour ceux qui veulent savoir. 

Comme le valeureux peuple espagnol s’est soulevé contre l’envahisseur en 1808, il y a beaucoup de fêtes avec des pétards et des tarés déguisés pour jouer à la guerre. Moi je continue à penser que Napoléon a au moins eu le mérite de donner un état moderne à l’Espagne mais ici ils ne sont pas d’accord, j’en veux pour preuve tous les monuments de ce style qu’on peut trouver en Espagne (les pauvres aigles impériales de la république écrasées sous le poids revanchard du roi espagnol, un Bourbon) : 

A part ça à Léon, qui est sur le chemin de Saint-Jacques, on trouve une cathédrale, beaucoup plus grande et plus lumineuse que celle de Chartres dixit la guide (la France est vraiment une obsession). Cathédrale qui est faite de pierre calcaire qui malheureusement se décompose petit à petit sous la pluie (on appelle ça une cathédrale soluble).
Pour calmer l’affaire, l’évêché pose donc un tronc pour qu’on puisse y poser sa petite pièce, pour l'entretien du sanctuaire. Alors évidemment, les visiteurs bruyants et irrespectueux veulent s’échapper en disant qu’ils n’ont pas de monnaie, comme toujours. Mais c’est pas grave, parce que vous pouvez payer avec VISA : 

Je n’ai pas de photo de la cathédrale en entier puisque ces glands de bâtisseurs d’églises ne pensaient pas que 700 ans plus tard il faudrait pouvoir prendre du recul pour photographier le bâtiment en pied. Ils avaient donc la manie de coller ces jolis temples à la première rangée de maison qu’ils trouvaient.

Ceci dit, à Léon, même au coeur de la maison de Dieu vous pouvez encore trouver des traces de la guerre civile, et sur un ton un peu plus agressifs que sur les monuments aux morts en Belgique ou en France. Sur la photo suivante vous pouvez observer deux phrases qu’on n’a pas l’habitude de voir dans une église (mais j’admets que je me trompe peut-être parce que je ne vais pas souvent à la messe) : 

-         « Hommage de l’évêque et du clergé en mémoire des prêtres et séminaristes assassinés ».

-         « Prêtres et Séminaristes morts au front pour Dieu et pour l’Espagne » avec les noms qui s’ensuivent. J’aime bien cette phrase, c'est d'une rude virilité qui donne le ton. 

On trouve aussi des choses moins belliqueuses, notamment la tombe d’Ordoño II considéré comme un des premiers rois de l’Espagne post-romaine. Ordoño II qu’on retrouve en statue à Madrid devant le palais royal. Comme quoi le monde est petit.


 

Tout ça pour dire qu'à part la horde de chien qui attaque les voitures à la sortie de la ville, c'est un joli coin où on mange bien et qu'on vous conseille d'aller dîner dans les anciennes caves à vins, des souterains convertis en restaurant, c'est très bon et c'est romantique à souhait. 

Et pour finir en fanfare:

mardi 18 novembre 2008

Madrid


Et une photo récente de Madrid, une!


jeudi 16 octobre 2008

Foot

Mes collègues facétieux sont venus m'ennuyer avec le superbe jeu de La Roja de hier soir. Ils l'ont bien ramené sur l'écrasante supériorité de leur équipe face à une Belgique terne et morne.

Je leur ai rétorqué que, à mon avis, la Belgique n'avait pas joué si mal que ça et qu'elle avait même dominé l'Espagne un bon moment.

On m'a dit qu'étant belge je ne suis pas objectif sur un match Belgique-Espagne... Je n’ai su que répondre. Ils sont d'une logique implacable ces espagnols.

lundi 13 octobre 2008

Changement de boulot

Dans l'Espagne postfranquiste, il est difficile de se détacher de son entreprise, elle fait partie de votre âme et de votre vie. Il n’est d’ailleurs pas question de ne pas aimer son entreprise. Et on l’aime tellement son entreprise, qu’on n’a pas besoin de se faire payer ni un salaire décent ni les heures sup pour venir travailler.

Ceci dit, un salutaire surplus d'énergie nordiste m'a fait changer d'idée et j’ai donné ma démission il y a de cela déjà un mois. Du jour au lendemain, on m’a traité comme un véritable traitre à la cause, on ne me disait plus bonjour dans les couloirs (je parle de mon directeur, pas de mes chers collègues), on vérifiait ce que j’emportais avec moi le soir, on m’empêchait d’accéder au serveur pour ne pas que j’efface toutes les données top-secrète CIA de l’entreprise… Contre vent et marrée j’ai amené un peu de vin, de jambon et de tortilla pour inviter mes collègues le dernier jour. Je dis contre vent et marré car il est interdit par mon ex entreprise de faire ce genre de chose. Je remercie d’ailleurs mes collègues qui à cette occasion m’ont remis une belle montre et une carte avec plein de petits mots.

Et voilà, maintenant j’ai intégré ma nouvelle famille, bien mieux que l’ancienne bien sûr, où on m’a accueilli avec des paroles bien chaleureuse :

« Tu dois faire 8h22 par jours mais si tu fais 9h30 je serai content »

Sûr que j’ai fait le bon choix.

Et je ne parlerai pas de mon salaire qui selon toutes les études scientifiques et savantes devrait être d’au moins 4 fois celui d’Esther (une femme !) mais qui reste désespérément sous le sien.

mardi 7 octobre 2008

Espagne en crise (2)

L'Espagne est vraiment en crise, on ressort les vieilles bagnoles (en passant, je pensais que ces voitures à une seule porte ouvrant vers l'avant n'existaient que dans "Le Petit Spirou").




dimanche 14 septembre 2008

Espagne en crise

L'Espagne est en crise, les gens deviennent pauvres.

Je l'ai vu au travers d'un indice. Ce signe, ce n'est pas ce tas d'entreprises immobilières qui croulent sous les dettes et ferment leurs portes. Ce n'est pas non plus ces nouveaux quartiers fantôme entièrement vides d'habitants autour de Madrid, pas plus que le taux de chômage qui augmente à vitesse grand V ou la liste chaque fois plus grande des gens qui ne peuvent payer leur hypothèque. Encore moins le fait que le gouvernement paie le voyage de retour au pays aux migrants.

Le signe c'est que je reviens d'un magasin où, non seulement on enferme les bouteilles d'alcool sous clef pour éviter les vols mais en plus, chose que je n'avais jamais vue, on enferme également le jambon sous clef. Si les espagnols se mettent à voler le jambon, alors oui il y a un problème. On peut quand même observer que la charcuterie pas cher, elle, est accessible.

Heureusement, l'Espagne reste quand même l'Espagne, avec ses tapas et ses taureaux, son âme profonde ne change pas. Il y a toujours des rues s'appelant "Le Généralissime", "Division Bleue" ou portant le nom des généraux d'avant 1975 (je veux dire, c'est difficile d'imaginer à Bruxelles une rue "Léon Degrelle" ou encore à Namur une rue "Division SS Wallonie", et bien en Espagne ils le font). On se dispute toujours pour savoir si c'est bien ou pas de déterrer les morts des fosses communes des fusillés politiques de la guerre civile (1936-1939, alors qu'ils en ont déjà fini avec ça en ex-yougoslavie). La radio COPE continue à insulter les membres du gouvernement et la SER à en faire la propagande presque officielle. Les villages de la campagne profonde continuent à être séparés entre les franquistes et les rouges (même si dans les villages il y a moins de rouge que de franquistes, les purges d'alors ayant marqué le territoire). Les fascistes continuent à se rassembler chaque année le bras levé à "El valle de los caidos", et les marxistes à faire des contre-manifestation Puerta del Sol qui terminent en baston générale.

D'ailleurs, je vous conseille, comme je l'ai appris à force de conversations "animées", de regarder le nom du journal (donc sa couleur politique) de votre interlocuteur avant d'entamer une quelconque conversation portant sur le pays, ça évite de blesser les sensibilités et de se faire traiter de "sâle rouge" ou de "facho". Ou alors faire comme la majorité des gens, ne pas parler politique.

Bref, malgré la crise, rien ne change, c'est bien.


Baléares

Les gars, vous me faites pitié, je vous envoie un message depuis Minorque: "Bonjour de Minorque, Baléares". Tout ce que je reçois comme réponse, c'est:

"Ici il pleut" et un plus élaboré "Ramène-nous un sachet de soleil lyophilisé. On pourra le mélanger avec de l'eau d'ici". C'est déprimant.

Vous pourriez faire un effort et participer à ma bonne humeur quand je suis en vacance, et arrêter de vous plaindre du mauvais temps. Il suffit de faire un petit effort et d'aller le chercher le soleil. Moi il m'a suffit d'aller dans une agence de voyage, où la gentille jeune fille nous a conseillé un hôtel sans étranger (avant de me regarder du coin de l'œil et de se dire qu'elle aurait du se taire) à Minorque.

En tout cas, j'ai été le chercher le soleil et je ne l'ai pas regretté; la plage c'est le festival des seins nus et des couples qui se touchent super discrètement dans l'eau . C'est aussi le festival des vieux qui, cachés derrière leurs lunettes de soleil, font semblant de prendre des photos de paysages, tout en regardant les culs situés juste devant eux, le tout la bave aux lèvres frémissantes. Tout un monde amusant à regarder. Bref, je me suis réconcilié avec la plage, que j'ai souvent accusée d'ennuyante. En plus, grâce à Martin le Crocodile ainsi qu'à mon masque de plongé, j'ai pu passer des heures observant mes amis les poissons comme ça:




vendredi 29 août 2008

Virilité

Aujourd'hui je me sens particulièrement bien. Une fille dans le bus, debout comme moi, n'a rien trouvé de mieux lorsque le bus a freiné brusquement, de s'agripper à mon entrejambe.
Elle était petite, on était tous serrés, et elle a vite retiré sa main mais quand même, si elle s'est retenue, c'est qu'il y avait matière à se retenir. J'ai donc pris ça comme une confirmation de grande virilité, mon orgueil en est sorti renforcé, ça fait du bien.

samedi 23 août 2008

Quand il vaut mieux se taire

J'ai un nouveau collègue, un gars de 30 ans aux idées fort arrêtées et qui n'a pas peur de dire tout haut ce qu'il n'a pas encore eu le temps de penser. Bref, un gars qui ne fera jamais de carrière diplomatique.

J'ai un autre collègue, X, qui travaille depuis 15 ans dans l'entreprise, d'origine marocaine, qui parle espagnol sans accent.

Au brunch (en horaire d'été, on a un brunch à 11 heure), je suis allé m'asseoir à côté de X puisque cela faisait bien longtemps que je ne l'avais vu. Les autres m'ont suivi.

Alors évidemment, il a fallu que, au bout de deux minutes de conversation, au milieu d'une table de 8 personnes, mon nouveau collègue, sans connaitre les gens autour de la table, dise: "Moi je n'aime pas les maures, je n'aime pas ces gens là, ce sont des arriérés, ... (deux minutes de discours solitaire).

Et bien croyez-moi, cela a jeté comme un froid sur l'animation de la table, pendant que mon nouveau collègue soliloquait, on se regardait tous un peu gêné en se demandant qui allait enfin le faire taire. A la fin X s'est levé sans rien dire et est parti.

Le plus crétin de la chose est qu'après s'être rendu compte de sa bourde, mon nouveau de collègue s'est fâché sur nous (et sur moi en particulier pour s'être foutu de sa gueule) parce qu'on ne l'a pas prévenu. J'aurais peut-être du: "Attention, n'expose pas d'idée extrémistes, X est arabe".

mercredi 20 août 2008

Photos

Et voici quelques photos de ce moi d'août pour ceux qui veulent:

ICI

Accident

Un avion s'est cassé la gueule à Madrid (Si vous voulez vous faire peur: http://www.crash-aerien.com/)

Je ne dirai qu'une chose, il y a deux ans, un officiel de l'aéroport de Madrid me signalait cette compagnie comme celle qui investissait le moins en maintenance.

Or il s'est cassé la gueule au décollage, quand les moteurs sont à 100%...
On appréciera au passage le cynisme des journalistes cherchant les premières réactions des familles.

mardi 19 août 2008

Retour de vacances

Nous sommes joyeux, nous sommes de retour dans notre cage à lapin. Et à part la réserve d’eau des toilettes qui a coulé au sol et la voisine du dessus qui a eu une fuite sur notre faux-plafond, tout va bien. En tout cas, il ne pleut pas, c'est déjà ça.

Ce qui est bien avec les vacances, c’est qu’on prend plein de photos. Ce qui est bien avec le retour, c’est qu’on peut les regarder. En plus Esther aime bien les photos (et moi aussi). Et pour les voir en grand, on les passe sur la télé.

Esther et moi sommes donc arrivés à la conclusion qu’il faut changer de télé, celle que nous avons nous étant trop défavorable, elle nous grossit.

Alors bien sûr, de mauvaises langues (j’en connais au moins deux) pourraient dire que c’est la faute aux BBQ et aux repas copieux de France, de Navarre et de la Fédération Wallonoflamobruxelloise que nous avons visitées. Je ne me prononcerai pas là-dessus, je changerai plutôt ma télé 16:9 par une 4:3 ou encore mieux, une 9:16 (ça laisse de la marge).

lundi 14 juillet 2008

Discussion Intelligente

Me voila revenu chez mes amis algériens de l’Algérie démocratique et populaire et leur sens de l’hospitalité légendaire. J’arrive donc à l’hôtel, tard, et comme d’hab., on a toujours cette impression d’emmerder la personne de la réception quand on y arrive (l’Algérie ayant été alignée en son temps avec le bloc soviétique, il en résulte un manque certain de productivité et de service au client).

Je me dirige donc au monsieur et lui dit :
- Bonjour, j’ai une réservation. (Je donne mon passeport comme on le fait d’habitude à Alger, le monsieur étudie mon passeport pour vérifier que je n’ai pas de barbe islamiste et il tapote sur son clavier :)
- Attendez, je regarde… Ah, désolé, je n’ai rien à ce nom.
- Vous êtes sûr ? C’est bizarre.
- Bien sûr monsieur que je suis sûr (sur ce ton condescendant qui a la particularité de m’énerver).

Il est minuit passé, l’idée de chercher à cette heure un hôtel dans Alger ne m’amuse guère, j’insiste donc :

- On m’a confirmé la réservation qui a été effectuée par l’entreprise XXXX, vous devriez en avoir la trace.
- Non monsieur.
- Et qu’est-ce qu’on fait alors ?
- Ha je ne sais pas monsieur, je ne peux rien faire pour vous. Moi je n’ai de trace d’aucune réservation.
- Et le problème n’est pas que je sois arrivé après minuit et que la réservation ait été annulée ?
- C’est possible monsieur, mais alors c’est que vous n’avez pas téléphoné pour confirmer la réservation et dire que vous arriviez tard. Nous dans ces cas là, on annule la réservation, c’est très clair, c’est dans les règles de tous les hôtels. (Comme d’hab., c’est toujours la faute des infidèle) Je suis désolé monsieur mais il faut respecter les règles.
- Mais il y a quand même quelque chose à faire ?
- Non monsieur.

L’expérience m’ayant beaucoup appris du caractère tordu de ces mauvais commerçants, j’ai eu une idée géniale et demandais donc:

- Mais est-ce que vous avez une chambre de libre ?
- Ha ça monsieur, c’est autre chose, et en effet, j’ai des chambres de libres.
- Et bien donnez m’en donc une (je pensais gros con parce que pas mal énervé mais je n’ai rien dis pour ma sécurité personnelle).
- D’accord, mais la prochaine fois pensez à réserver (typique, dans leur sale caractère, ils veulent toujours avoir le dernier mot, il suffit de rester zen).

Bref, ils sont pas près de développer le tourisme comme le prétend la propagande du gouvernement.

mardi 1 juillet 2008

Mes amis de Guinée

Dernièrement j'ai reçu la visite de deux de nos amis guinéens, qui sont arrivés à l'aéroport dimanche, vers 9 heure 20 du soir, alors que la mégaphonie annonçait un goal de l'Espagne et que je devais attendre comme un con dans le terminal sans voir la finale de l'euro (Je suis un des seul à ne pas avoir vu le match ici en Espagne).

Un des deux était un chef, un directeur. Et comme cela arrive souvent chez nos amis africains, les personnes haut-placées sont plus catholiques que le pape (je veux dire plus esclavagiste que les colons). C'est donc une personne qui a l'habitude d'être obéi sur claquement de doigt, ce qui m'a permis d'avoir honte dans un restaurant pour client qui rapporte (cher et classe donc).

Premièrement, mon ami le directeur hélait les serveurs en claquant des doigts et en sifflant (le genre de truc qui vous fait vous cacher sous une table). En fait, j’ai remarqué que les serveurs sont nettement moins sympathiques quand on les siffle.

Et deuxièmement, j'ai pu avoir l'honneur de converser de la façon suivante:

Le Directeur: C'est bon le canard à l'orange?

Ma collègue: J'aime beaucoup.

Le Directeur: Je vais prendre ça alors.

20 minutes plus tard, le Directeur reçoit son plat.

Le Directeur après une première bouchée: Mais, c'est sucré!?

Nous, un peu étonnés: Ben, c'est à l'orange.

Le Directeur: Je ne supporte pas de manger sucré.

Nous: heu…

Le Directeur: Ha non, c'est vraiment trop sucré, je ne peux pas manger ça.

Nous, bien professionnels mais quand même hésitants: On pourrait peut-être éventuellement demander de changer de plat.

Le Directeur: Ha oui, il faut faire ça
(Je ne pensais pas qu'il allait le faire quand même).

Un peu honteux, nous hélons le serveur avec tact:

Le serveur: Que puis-je faire pour vous.

Moi: En fait mon client aimerait changer de plat.

Le serveur, déjà énervé par la façon dont on l’appelait: Ce n'est pas bon?

Moi: Non, ce n'est pas ça, c'est juste qu'il n'aime pas manger sucré.

Le serveur, franchement étonné: Mais c'est du canard à l'orange!

Mois: Oui oui, mais il ne le savait pas.

Le serveur: Mais le canard à l’orange est forcément sucré. Est-ce que c'est mal cuit? La viande n’est pas bonne?

Moi: Non, je vous assure, il n'y a pas de problème avec le service ou la cuisine, c’est juste qu’il n’est pas habitué.

Le serveur, ronchonnant, enlève le plat. Deux minutes après, sa chef arrive:

Elle: Il y a un problème avec le plat?

Nous: on explique encore.

Elle: Mais c’est mal cuit? La viande n'est pas de qualité? La sauce n’est pas bonne ?

Ça a duré 10 minutes, ils ne voulaient pas comprendre le problème fondamental : Nos clients sont essentiellement des bouffeurs de riz et de poulet.


mardi 24 juin 2008

Les médecins sont des petits comiques.

Hier, à mon retour de ce long weekend fatiguant en ma verte province, a surgi, comme tous les 5/6 mois, une sourde douleur dans le bas de mon dos. Étant habitué, je n’y prêtais guère attention et m’en fut au lit pour profiter de mes retrouvailles avec ma belle, ce qui n’a sans doute pas arrangé le problème.

Ce matin, la sourde douleur s’était muée en bon vieux lumbago bien de chez nous, ce qui m’empêchait non seulement de me gratter les fesses, mais en plus m’interdisait d’enfiler un pantalon (et il est clair que je ne vais pas me balader partout à poil, je ne suis pas Xa moi).

Je restais donc dans mon lit en attente de jours meilleurs et téléphonais au médecin d’urgence de ma très chère assurance privée en lui contant mon problème. Celui-ci me dit donc qu’il arrivait (ce qui en espagnol signifie « attends-moi une bonne heure »). J’évitais d’aller pisser, malgré l’envie, vu le temps qu’il me fallait pour faire ce genre d’activité et le fait qu’il pouvait arriver à tout moment.

Au bout d’une heure et des poussières, on sonna à la porte du bâtiment. Soulagé par la venue attendue de mon sauveur, j’utilisai ma technique éprouvée de sortie de lit (vous rampez en marche arrière jusqu’à ce que vos genoux atteigne le sol, vous vous appuyez alors sur le lit avec vos bras pour soutenir votre pauvre colonne et vous vous redressez très lentement pour pas vous faire plus de mal que nécessaire). Puis tout chancelant, je fis de tout petits pas pour atteindre l’interphone, tout en penchant le corps légèrement vers la droite puisque ça tirait fort à gauche. Je levai le bras malgré la douleur et décrochait, tout en appuyant mon autre main sur le mur. Le petit comique me dit alors : « Bonjour je suis le médecin, je vais me garer et je reviens ».

Ce con m’a fait sortir de mon lit juste pour me dire qu’il allait se garer.

dimanche 25 mai 2008

Album

Suite à diverses demande, je me suis décidé à mettre quelques photos dans un album non public sur le web, pour permettre l'accès à qui connaît l'adresse (Cela veut dire que les photos ne sont pas accessibles depuis un moteur de recherche, elles sont seulement accessibles quand on connaît l'adresse).


Ceci dit, si quelqu'un veut que j'enlève une photo, je le fais immédiatement. Bon, c'est sûr que pour que j'enlève une photo, il faut une bonne raison et c'est difficile d'en trouver. Les excuses type: je suis gros, je perd mes cheveux, j'ai des rides, ..., ne sont pas valables. Dites-vous que tout le monde a déjà remarqué vos "petites" imperfections. De toute façon, je ne suis pas remonté plus haut que 2006, ça fait moins mal (pour le moment en tout cas).
L'adresse: http://picasaweb.google.es/[prenom].[nom] (remplacez quand même les braquets par mon prénom et mon nom avec un point entre les deux).

samedi 17 mai 2008

Communions

Je regardais les photos des deux dernières communions auxquelles j’ai eu la chance de participer et je me suis dis qu’en Belgique on ne sait quand même pas s’habiller. En effet, pour les communions en Espagne, les petits enfants qui ont la chance de pouvoir enfin communiquer avec notre Seigneur, seul et unique Dieu, s’habillent en conséquence.

Les communiants, en Espagne, ne s’habillent pas au moyen d’une bête bure de moine trop propre, mais bien de beaux atours dignes de la fête spirituelle à laquelle ils assistent (et ne me dites pas que les enfants attendent seulement des cadeaux, ce n’est pas vrai, je le sais, je suis passé par là).

Voici quelques exemples de costumes et robes, pour les filles, en robe de mariage princesse :


Pour les garçons, en amiral (ça je ne me l’explique toujours pas) :

C’est bien ces petites robes, ça excite la compétitivité des jeunes filles pour être la plus belle des princesses. Le problème c’est que ces jolis accoutrements ridicules coûtent jusqu’à 300 € et que toutes les familles ne sont pas d’accord pour gaspiller autant d’argent.

Esther en a encore un souvenir douloureux, quand les autres petites filles riaient de sa robe bon marché à 150 €, elle m’en parle encore.

mercredi 23 avril 2008

La corruption comme modèle de commerce



Pour ceux qui s’émeuvent en pensant à la corruption qui règne dans les pays pauvre, je peux les rassurer, tout le monde le fait. Lors d’une réunion, en compagnie de beaucoup d’autres entreprises espagnoles, à une réunion de commerce extérieur, en parlant de l’Argentine, a surgit la phrase suivante devant les hauts fonctionnaires espagnols qui ne s’en sont pas émus : « Le directeur de cet organisme est nouveau, il vient d’arriver, il faut absolument l’inviter en Espagne avant qu’il ne soit contaminé par les français ».

Donc, non seulement on parle de ce système sans gêne entre les entreprises, mais en plus avec la bénédiction des autorités. C’est fou quand même.

(Et je ne parlerai pas des fonctionnaires d’un certain organisme de l’ONU qui étaient présent aussi)

Heureusement, la morale est sauve, dans la plupart des pays d’Amérique, les sites webs des organismes publics renseigne un « numéro d’urgence » à appeler si on détecte un problème de corruption. C’est quand même bien fait.

mercredi 26 mars 2008

Procession

S’il y a une chose qui fait peur au touriste de base en Espagne, et qui énerve les milieux les plus progressistes, ce sont bien les processions. L’Espagne étant le pays des traditions, chaque années elles ont lieu à Pâques, de Bilbao à Séville et de Malaga à Madrid. Quand l’Europe du nord, paienne s’il en est, se saoule dans les fêtes du Carnaval et les grands feux du printemps ; l’Espagne catholique elle (de mon point de vue, si la France est considérée comme la fille aînée de l’Église, l’Espagne devrait alors en être la mère stricte et conservatrice), se plonge dans la réflexion pour s’approcher un peu plus de la rédemption.

Les processions, pour ceux qui font partie des non pratiquants (et je sais qu’ils s’en cachent beaucoup même dans mon cercle familial le plus restreint) ou pour ceux qui ne sont pas au fait tout simplement, ça se passe par exemple (ça dépend du patelin) de la manière suivante : un groupe de tambours et/ou de trompettes parcourt les rues du village et marque un pas lent pour réveiller la fervente fureur des habitants.




Les musiciens sont suivis par un groupe de gens habillés style KKK qui marchent, parfois pieds nus, parfois se flagellant, parfois les deux, cachés sous leur cagoule à pointe en 2 longues files précédent les « Images » représentant les étapes de la vie du Christ.

Que sont donc ces « Images » ? Ce sont des statues de bois, représentant, par exemple, le Christ arrêté par les romains (et entourés de fidèles habillés en légionnaires), le Christ portant la croix, le Christ sur la croix, le Christ mort dans un linceul, la dolorosa pleurant son fils, et ainsi de suite selon l’humeur du moment. Les statues sont souvent entourées de fleurs, sur une structure portée par les épaules des pieux fidèles (pour les plus représentatives) qui s’agglutinent dans les confréries pour avoir l’honneur de porter ces « Images » si saintes.


La procession parcourt donc la ville au rythme lent des tambours et dans un silence impressionnant (Quand vous allez voir une procession, n’allez surtout pas commenter la chose sur le vif, vous vous ferez rabrouez à l’instant par la foule fervente) et elle s’arrête de temps en temps devant des chanteurs contant des cantiques ayant pour thème la souffrance du Christ et de sa vierge maman (les chanteurs sont des vieux du village). Le chanteur doit chanter devant chaque « Image », ce qui rallonge d'autant la procession.





Les processions ont lieu le mercredi saint, le jeudi saint, le vendredi saint, le samedi saint et pour le dimanche, pour faire bonne figure, on laisse place aux jeunes générations pour, dans la joie et la bonne humeur, brûler ce traître de judas sur la place publique. Dans les villages les plus reculés, encore réfractaires au monde moderne, il vaut mieux, ce dimanche là, ne pas être la rousse ensorcelante du fond du village, on risquerait de vous mettre sur le bûcher avec judas.

mardi 25 mars 2008

Le monde ardu de l'Entreprise

Voici quelques conseils basés sur mon expérience personnelle ou celle de mes collègues pour savoir si votre entreprise ne se porte pas très bien. Si un ou plusieurs des éléments suivants se révèle à la lumière du jour, il y a peut-être un problème :

  1. Le bénéfice net de l’entreprise, année après année, tient compte en grande partie de gains réalisés dans des contrats qui ne sont pas encore signés (des contrats fictifs en gros).
  2. Votre président n’arrive à trouver des investisseurs qu’en vendant l’entreprise sur des bases citées dans le point 1.
  3. Vous perdez de l’argent dans absolument tous les contrats (ceux qui ne sont pas fictifs).
  4. Les travailleurs avec expérience démissionnent et sont remplacés par des stagiaires.
  5. Les travailleurs avec expérience démissionnent et ne sont pas remplacés.
  6. Vous êtes nominé chaque mois pour vos excès scandaleux de téléphone (forcément, quand on travaille à l’international...).
  7. On vous dit que vous ne pouvez pas ou plus voyager, c’est trop cher.
  8. Votre chef vous dit que sur un chiffre d’affaire de 100 M€, les pertes sèchent s’élèvent à 10 M€ mais que c'est un secret (ne le répétez donc pas).
  9. Votre chef vous dit que ce serait peut-être un bon choix que de changer de travail.
  10. Votre chef vide les tiroirs de son bureau et se casse sans rien dire.
  11. Votre président vous menace directement (votre chef n’est plus là) si des contrats ne sont pas signés i-m-m-é-d-i-a-t-e-m-e-n-t.
  12. Le directeur responsable du point 1 et n’ayant pas l’amitié des investisseurs du point 2 « démissionne ».
  13. Un vent de « sauve-qui-peut » parcours les couloirs.
  14. Quand vous passez un entretien d’embauche dans une autre boite, on vous dit que pas mal de vos collègues ont passé le même entretien.
  15. Quand vous démissionnez, le responsable des ressources humaines vous « demande » de ne pas attendre le délai légal mais de vous en aller le plus tôt possible (ça économise).

Tout ça pour dire que mon futur me semble assez compromis dans ma boite chérie et que je cherche à changer.

mardi 11 mars 2008

Travail

J’avais dit à ma collègue qui se plaignait du manque de renouveau de ce blog, d’écrire un texte elle-même. Le voici, dans son intégralité et presque non censuré :

Vincent tente de faire croire qu’il passe ses journées à travailler dur mais en fait voici comment il occupe réellement ses journées. Il a quand même des pics d’efficacité entre 10h et midi et après 15h. Forcément avant 10h il faut boire le café, lire l’actualité et faire un débriefing avec Alonso, Juana et moi-même.

  1. Il lit le Monde, le Figaro, la DH en buvant son café et un peu aussi après manger. Il me fait même lire les articles les plus dramatiques de la DH. Dernier en date sur les infirmières qui s’encoquinent avec leurs patients.
  2. Il regarde les filles passer et en fait l’analyse avec Alonso. Ils ont même mis au point un classement…
  3. Il prend toujours une pomme en dessert tout en sachant qu’il ne sait pas les éplucher. Mais c’est surtout parce que ça lui prend du temps et qu’il n’a pas de cette façon à aller chercher le café.
  4. Il essaie de me frapper à coups de boulettes de papier à longueur de journée. Il s’attaque plutôt à une pauvre créature comme moi qu’à un homme. C’est moins risqué…
  5. Il s’habille de manière classique, toujours dans les tons bleus. Un jour il est arrivé tout content avec sa nouvelle chemise à rayures violettes, très fier de lui parce qu’il l’avait choisie tout seul. Il n’a eu du succès qu’auprès des 50+. Il ne l’a jamais remise.
  6. Il se plaint de tout tout le temps. Quand il n’a pas mal aux dents, c’est son dos qui est douloureux…

Bon, à ma décharge, l'activité de l'entreprise n'est pas en grande forme et ça tourne au ralentis. Il y a du temps pour glander.

dimanche 24 février 2008


Regardez ce que j'ai trouvé sur un mur, dans un vieux bar par ici.


A part ça, ce soir, j'irai boire de la bière et manger des petits fours dans la loge VIP d'une grosse boite d'ici, pour le match Real-Getafe.

lundi 18 février 2008

L’aide au développement

On voit régulièrement à la télévision ou dans les journaux, un relevé de l’aide au développement proposé par les pays riches aux pays pauvres. J’ai pu découvrir quelque chose que je n’avais pas compris, c’est que cette aide est légèrement hypocrite.

Voici une petite explication de comment ça fonctionne. On prend par exemple un pays, Belgique, Espagne, France, Italie, Allemagne, n’importe quel pays un tant soit peu développé qui possède des entreprises exportatrices. Le problème des pays développés, c’est qu’ils sont capitalistes sans l’être. Le capitalisme, c’est un peu laisser le marché décider de qui est le meilleur. Malgré cela, les pays capitalistes sont fort protectionnistes et n’aiment pas appliquer à eux-mêmes ce qu’ils demandent aux autres (ce que je ne condamne pas puisque c’est une forme de protection de l’emploi). Et comme ces pays sont protectionnistes, il est assez difficile d’exporter chez le voisin si ce voisin possède une industrie identique. Que faire alors ? La solution est de vendre aux pauvres.

Les pauvres ont ceci de particulier qu’ils n’ont pas d’argent mais qu’ils sont facilement corruptibles. On a donc inventé le concept de crédit à l’aide au développement. Le nom est très joli vu comme ça mais ce ne l’est pas tant.

Vous prenez une entreprise X qui veut exporter un produit Y. Elle envoie un représentant dans un pays qui ne possède pas d’industrie propre, en général un pays pauvre. Le représentant va voir le ministre local et lui dit qu’il voudrait lui vendre un produit cher dont il n’a pas vraiment besoin et qu’il ne pourra pas entretenir. Le ministre répond qu’il n’a pas de quoi payer. Le représentant ne se démonte pas et annonce qu’il peut demander à son gouvernement un crédit d’aide au développement, remboursable à des taux très bas sur de longues années.

Dans ce cas, un bon patriote dirait au représentant qu’il serait plus judicieux de construire des écoles que d’acheter le dernier modèle de bateau-radar-super-génial, ce qui endette le pays pendant de longue années alors qu’il n’a déjà pas beaucoup de ressources. Le problème c’est que la classe dirigeante de beaucoup de pays pauvres n’est pas vraiment patriote et qu’en général ils n’ont pas beaucoup de contre-pouvoir. Le ministre voit donc dans la transaction qui s’annonce une manière de s’enrichir beaucoup plus facilement que par son dur labeur quotidien et accepte vivement le marché moyennant une « légère » rétribution personnelle.

Voila pourquoi on peut trouver dans des pays très pauvres des équipements dernier cri ne servant à rien, n’étant pas entretenus et côtoyant une population n’ayant ni eau courante ni électricité.

Mais attention, n’allez pas croire que les pays les plus corrompus sont les plus intéressants pour les entreprises. Passé un certain niveau de corruption, les affaires ne sont plus possibles, tous les efforts commerciaux consentis pour vendre un projet peuvent être réduits à néant en un rien de temps par un de vos concurrents. C’est pour ça que vous pouvez trouver un pays, ayant par exemple besoin d’une centrale électrique ou de pompes pour alimenter en eau des villages, qui laissent sans suite pendant de longues, très longues années ces projets parce que les dirigeants prennent des décisions qui sont de suite annulées par d’autres dirigeants et ainsi de suite, en fonction des intérêts personnels de chacun.

L’idéal serait sans doute de faire gérer l’aide au développement par un organisme supranational, indépendant. On pense donc de suite à l’ONU. Le problème, c’est que l’ONU est internationalement reconnue comme étant ce qu’il y a de plus corrompu parmi les corrompus (et c’est normal, tous les corrompus du monde se retrouvant dans une grande association fraternelle). Et puis de toute façon, à l’ONU, ce sont les plus grands contributeurs qui décident de où va l’argent et quelles sont les entreprises qui vont en bénéficier, ce qui fausse un peu la donne.

Et contrairement à ce qu’on pourrait penser, les américains ne sont pas les pires dans ce genre d’action commerciale, puisque légalement ils interdisent à leurs entreprises d’inclure plus de 5% du montant d’un marché en frais de consultance (là où se retrouvent les « commissions »). Sur beaucoup de marchés, ils ne sont donc pas compétitifs face à leurs concurrents européens.

Anecdote :

Au Paraguay, deuxième pays au monde le plus corrompu, circule cette bonne blague : « vous savez pourquoi le Paraguay n’est pas le premier dans la liste des pays corrompus ? Parce qu’on a payé pour être second. »

mercredi 6 février 2008

Comment faire peur dans une entreprise?

Pour faire peur dans une entreprise, c’est facile. Il suffit de discuter ou de signer des contrats pour des pays un peu tumultueux.

Dernièrement, le bruit court chez nous qu’il faut aller au Tchad, alors que là-bas ils sont en train de se foutre sur la gueule quelque chose de pas possible. En général, et c’est quelque chose qui m’étonne chaque fois un peu plus, ce sont ceux qui ne voyagent pas qui s’inquiètent le plus. Je suppose qu’ils doivent craindre que la grande main noire du destin ne les jette dans un avion militaire de la légion étrangère pour aller installer du matériel sous des pluies de balles et d’obus. D’ailleurs ça ne fait rire personne quand je dis : « ne t’inquiète pas, on ne saurait envoyer personne, les compagnies d’aviation ont cessé leurs vols réguliers pour le moment. »

En tout cas, il ne faut vraiment pas avoir confiance dans le département des ressources humaines pour croire que quelqu’un devrait se déplacer dans un pays où des rebelles attaquent l’aéroport.

Le plus drôle, c’est la réaction des africains eux-mêmes : « Le Tchad ? Mais il n’y a pas de problème, ils se battent 15 jours, il y en a un qui gagne, ils se partagent de l’argent et tout redevient comme avant. »

Et comme d’habitude, on me sort toujours la même question : « pourquoi on ne va pas dans des pays qui sont bien ? » Ce à quoi j’évite de répondre « comme le Kenya ? ».

lundi 21 janvier 2008

Je ne comprends pas les femmes

J’ai eu, ces derniers mois, diverses conversations avec des femmes et décidément, j’ai du mal à les comprendre. Par exemple :

a) Je me vois offrir par Esther, pour la Noël, un volant pour la console que j’ai achetée l’année dernière. Le volant étant muni de pédales, de câbles et de beaucoup de plastique, prend beaucoup de place dans le petit salon que nous louons. Le jour où elle me l’offre, je le déballe, découvre la chose de mes yeux émerveillés et Esther de couper court à toute réflexion en me disant : « Ça prend beaucoup de place, je ne veux pas le voir traîner ici, mets-le au grenier ».


b) Ma collègue que je ne nommerai pas, super féministe devant l’éternel, me répète sans cesse que les hommes sont de gros glands qui réfléchissent sur le physique des femmes sans les juger sur ce qu’elles ont dans la tête. Elle me répète sans cesse, comme ma maman, que le monde serait bien meilleur s’il n’était dirigé que par des femmes (ceci dit, je me demande si elle a raison quand je vois comment s’y prend ma nouvelle chef des ressources humaines). Enfin bref, un jour elle participe à une longue réunion avec une avocate d’une autre entreprise ainsi qu’un tas d’hommes. Plus tard je lui demande ce qu’elle pense de la réunion et elle de me dire « je n’aime pas cette femme, elle est mal habillée ».


c) Esther encore une fois, mais j’ai entendu dire de diverses sources sûres que cela peut s’appliquer à un tas d’autres femmes, se plaint souvent que je ne participe pas à la décoration de la maison (choix des coussins, des essuis, des dessus de lits, des trucs et des machins). Le problème c’est qu’elle applique ce que j’appelle la « démocratie féminine ». C'est-à-dire qu’on à le droit de penser ce qu’on veut mais en tout cas pas de l’exprimer. Et si on l’exprime, cela n’influe de toute façon pas sur la décision finale.
La démocratie féminine, c’est en pratique, un gars qui accompagne une fille dans un magasin X pourvu par exemple d’une grande quantité Y de housses d’édredons. Ils passent la porte, pleins de bonnes idées, pour s’enfoncer dans le commerce. La fille se détache alors du bras du gars pour flâner à travers les rayons et, au bout d’un temps interminable pendant lequel elle a obligé le pauvre gars à la suivre pour « participer », lui propose deux produits, le bleu et le rouge par exemple (on remarquera que le choix initial du magasin s’est grandement réduit, dans les mêmes proportion que l’influence que le malheureux peut avoir sur le choix définitif de la housse). Le gars à ce moment est tout de même un peu content de pouvoir lui aussi participer à la construction du foyer et pointe du doigt l’édredon bleu, qui est la couleur qui lui plait. A ce moment, la fille se rembruni légèrement et dit : «Moi je préfère le rouge, on va prendre le rouge ». C’est ça la démocratie féminine, et après on s’étonne que je ne sois pas intéressé par les achats. Alors évidemment on me rétorquera violemment que les hommes sont des êtres ignares sans goût aucun. Moi je pense que c’est peut-être tout simplement que nous avons du goût, mais pas le même (mais évidemment admettre ça appellerait au dialogue et au compromis et Dieu sait que les femmes ne sont pas intéressées par ça).

Enfin bref, je suppose qu'il n'y a pas le choix.