mercredi 26 mars 2008

Procession

S’il y a une chose qui fait peur au touriste de base en Espagne, et qui énerve les milieux les plus progressistes, ce sont bien les processions. L’Espagne étant le pays des traditions, chaque années elles ont lieu à Pâques, de Bilbao à Séville et de Malaga à Madrid. Quand l’Europe du nord, paienne s’il en est, se saoule dans les fêtes du Carnaval et les grands feux du printemps ; l’Espagne catholique elle (de mon point de vue, si la France est considérée comme la fille aînée de l’Église, l’Espagne devrait alors en être la mère stricte et conservatrice), se plonge dans la réflexion pour s’approcher un peu plus de la rédemption.

Les processions, pour ceux qui font partie des non pratiquants (et je sais qu’ils s’en cachent beaucoup même dans mon cercle familial le plus restreint) ou pour ceux qui ne sont pas au fait tout simplement, ça se passe par exemple (ça dépend du patelin) de la manière suivante : un groupe de tambours et/ou de trompettes parcourt les rues du village et marque un pas lent pour réveiller la fervente fureur des habitants.




Les musiciens sont suivis par un groupe de gens habillés style KKK qui marchent, parfois pieds nus, parfois se flagellant, parfois les deux, cachés sous leur cagoule à pointe en 2 longues files précédent les « Images » représentant les étapes de la vie du Christ.

Que sont donc ces « Images » ? Ce sont des statues de bois, représentant, par exemple, le Christ arrêté par les romains (et entourés de fidèles habillés en légionnaires), le Christ portant la croix, le Christ sur la croix, le Christ mort dans un linceul, la dolorosa pleurant son fils, et ainsi de suite selon l’humeur du moment. Les statues sont souvent entourées de fleurs, sur une structure portée par les épaules des pieux fidèles (pour les plus représentatives) qui s’agglutinent dans les confréries pour avoir l’honneur de porter ces « Images » si saintes.


La procession parcourt donc la ville au rythme lent des tambours et dans un silence impressionnant (Quand vous allez voir une procession, n’allez surtout pas commenter la chose sur le vif, vous vous ferez rabrouez à l’instant par la foule fervente) et elle s’arrête de temps en temps devant des chanteurs contant des cantiques ayant pour thème la souffrance du Christ et de sa vierge maman (les chanteurs sont des vieux du village). Le chanteur doit chanter devant chaque « Image », ce qui rallonge d'autant la procession.





Les processions ont lieu le mercredi saint, le jeudi saint, le vendredi saint, le samedi saint et pour le dimanche, pour faire bonne figure, on laisse place aux jeunes générations pour, dans la joie et la bonne humeur, brûler ce traître de judas sur la place publique. Dans les villages les plus reculés, encore réfractaires au monde moderne, il vaut mieux, ce dimanche là, ne pas être la rousse ensorcelante du fond du village, on risquerait de vous mettre sur le bûcher avec judas.

mardi 25 mars 2008

Le monde ardu de l'Entreprise

Voici quelques conseils basés sur mon expérience personnelle ou celle de mes collègues pour savoir si votre entreprise ne se porte pas très bien. Si un ou plusieurs des éléments suivants se révèle à la lumière du jour, il y a peut-être un problème :

  1. Le bénéfice net de l’entreprise, année après année, tient compte en grande partie de gains réalisés dans des contrats qui ne sont pas encore signés (des contrats fictifs en gros).
  2. Votre président n’arrive à trouver des investisseurs qu’en vendant l’entreprise sur des bases citées dans le point 1.
  3. Vous perdez de l’argent dans absolument tous les contrats (ceux qui ne sont pas fictifs).
  4. Les travailleurs avec expérience démissionnent et sont remplacés par des stagiaires.
  5. Les travailleurs avec expérience démissionnent et ne sont pas remplacés.
  6. Vous êtes nominé chaque mois pour vos excès scandaleux de téléphone (forcément, quand on travaille à l’international...).
  7. On vous dit que vous ne pouvez pas ou plus voyager, c’est trop cher.
  8. Votre chef vous dit que sur un chiffre d’affaire de 100 M€, les pertes sèchent s’élèvent à 10 M€ mais que c'est un secret (ne le répétez donc pas).
  9. Votre chef vous dit que ce serait peut-être un bon choix que de changer de travail.
  10. Votre chef vide les tiroirs de son bureau et se casse sans rien dire.
  11. Votre président vous menace directement (votre chef n’est plus là) si des contrats ne sont pas signés i-m-m-é-d-i-a-t-e-m-e-n-t.
  12. Le directeur responsable du point 1 et n’ayant pas l’amitié des investisseurs du point 2 « démissionne ».
  13. Un vent de « sauve-qui-peut » parcours les couloirs.
  14. Quand vous passez un entretien d’embauche dans une autre boite, on vous dit que pas mal de vos collègues ont passé le même entretien.
  15. Quand vous démissionnez, le responsable des ressources humaines vous « demande » de ne pas attendre le délai légal mais de vous en aller le plus tôt possible (ça économise).

Tout ça pour dire que mon futur me semble assez compromis dans ma boite chérie et que je cherche à changer.

mardi 11 mars 2008

Travail

J’avais dit à ma collègue qui se plaignait du manque de renouveau de ce blog, d’écrire un texte elle-même. Le voici, dans son intégralité et presque non censuré :

Vincent tente de faire croire qu’il passe ses journées à travailler dur mais en fait voici comment il occupe réellement ses journées. Il a quand même des pics d’efficacité entre 10h et midi et après 15h. Forcément avant 10h il faut boire le café, lire l’actualité et faire un débriefing avec Alonso, Juana et moi-même.

  1. Il lit le Monde, le Figaro, la DH en buvant son café et un peu aussi après manger. Il me fait même lire les articles les plus dramatiques de la DH. Dernier en date sur les infirmières qui s’encoquinent avec leurs patients.
  2. Il regarde les filles passer et en fait l’analyse avec Alonso. Ils ont même mis au point un classement…
  3. Il prend toujours une pomme en dessert tout en sachant qu’il ne sait pas les éplucher. Mais c’est surtout parce que ça lui prend du temps et qu’il n’a pas de cette façon à aller chercher le café.
  4. Il essaie de me frapper à coups de boulettes de papier à longueur de journée. Il s’attaque plutôt à une pauvre créature comme moi qu’à un homme. C’est moins risqué…
  5. Il s’habille de manière classique, toujours dans les tons bleus. Un jour il est arrivé tout content avec sa nouvelle chemise à rayures violettes, très fier de lui parce qu’il l’avait choisie tout seul. Il n’a eu du succès qu’auprès des 50+. Il ne l’a jamais remise.
  6. Il se plaint de tout tout le temps. Quand il n’a pas mal aux dents, c’est son dos qui est douloureux…

Bon, à ma décharge, l'activité de l'entreprise n'est pas en grande forme et ça tourne au ralentis. Il y a du temps pour glander.