dimanche 14 septembre 2008

Espagne en crise

L'Espagne est en crise, les gens deviennent pauvres.

Je l'ai vu au travers d'un indice. Ce signe, ce n'est pas ce tas d'entreprises immobilières qui croulent sous les dettes et ferment leurs portes. Ce n'est pas non plus ces nouveaux quartiers fantôme entièrement vides d'habitants autour de Madrid, pas plus que le taux de chômage qui augmente à vitesse grand V ou la liste chaque fois plus grande des gens qui ne peuvent payer leur hypothèque. Encore moins le fait que le gouvernement paie le voyage de retour au pays aux migrants.

Le signe c'est que je reviens d'un magasin où, non seulement on enferme les bouteilles d'alcool sous clef pour éviter les vols mais en plus, chose que je n'avais jamais vue, on enferme également le jambon sous clef. Si les espagnols se mettent à voler le jambon, alors oui il y a un problème. On peut quand même observer que la charcuterie pas cher, elle, est accessible.

Heureusement, l'Espagne reste quand même l'Espagne, avec ses tapas et ses taureaux, son âme profonde ne change pas. Il y a toujours des rues s'appelant "Le Généralissime", "Division Bleue" ou portant le nom des généraux d'avant 1975 (je veux dire, c'est difficile d'imaginer à Bruxelles une rue "Léon Degrelle" ou encore à Namur une rue "Division SS Wallonie", et bien en Espagne ils le font). On se dispute toujours pour savoir si c'est bien ou pas de déterrer les morts des fosses communes des fusillés politiques de la guerre civile (1936-1939, alors qu'ils en ont déjà fini avec ça en ex-yougoslavie). La radio COPE continue à insulter les membres du gouvernement et la SER à en faire la propagande presque officielle. Les villages de la campagne profonde continuent à être séparés entre les franquistes et les rouges (même si dans les villages il y a moins de rouge que de franquistes, les purges d'alors ayant marqué le territoire). Les fascistes continuent à se rassembler chaque année le bras levé à "El valle de los caidos", et les marxistes à faire des contre-manifestation Puerta del Sol qui terminent en baston générale.

D'ailleurs, je vous conseille, comme je l'ai appris à force de conversations "animées", de regarder le nom du journal (donc sa couleur politique) de votre interlocuteur avant d'entamer une quelconque conversation portant sur le pays, ça évite de blesser les sensibilités et de se faire traiter de "sâle rouge" ou de "facho". Ou alors faire comme la majorité des gens, ne pas parler politique.

Bref, malgré la crise, rien ne change, c'est bien.


Baléares

Les gars, vous me faites pitié, je vous envoie un message depuis Minorque: "Bonjour de Minorque, Baléares". Tout ce que je reçois comme réponse, c'est:

"Ici il pleut" et un plus élaboré "Ramène-nous un sachet de soleil lyophilisé. On pourra le mélanger avec de l'eau d'ici". C'est déprimant.

Vous pourriez faire un effort et participer à ma bonne humeur quand je suis en vacance, et arrêter de vous plaindre du mauvais temps. Il suffit de faire un petit effort et d'aller le chercher le soleil. Moi il m'a suffit d'aller dans une agence de voyage, où la gentille jeune fille nous a conseillé un hôtel sans étranger (avant de me regarder du coin de l'œil et de se dire qu'elle aurait du se taire) à Minorque.

En tout cas, j'ai été le chercher le soleil et je ne l'ai pas regretté; la plage c'est le festival des seins nus et des couples qui se touchent super discrètement dans l'eau . C'est aussi le festival des vieux qui, cachés derrière leurs lunettes de soleil, font semblant de prendre des photos de paysages, tout en regardant les culs situés juste devant eux, le tout la bave aux lèvres frémissantes. Tout un monde amusant à regarder. Bref, je me suis réconcilié avec la plage, que j'ai souvent accusée d'ennuyante. En plus, grâce à Martin le Crocodile ainsi qu'à mon masque de plongé, j'ai pu passer des heures observant mes amis les poissons comme ça: